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Un logiciel suisse analysera les données des hôpitaux, une aide précieuse contre le virus

L’EPFL a collaboré notamment avec le CHUV pour que les banques de données des hôpitaux soient consultées de manière anonymisée à des fins de recherche

Image d'illustration. — © KEYSTONE/REUTERS POOL/Denis Balibouse
Image d'illustration. — © KEYSTONE/REUTERS POOL/Denis Balibouse

L’annonce tombe à pic. Cette semaine, un nouveau logiciel visant à faciliter la recherche médicale a été déployé dans les hôpitaux universitaires de Lausanne, de Genève et de Berne. Développé dans le laboratoire pour la sécurité des données (LDS) à la Faculté informatique et communications de l’EPFL, en collaboration avec le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), le logiciel MedCo permet aux hôpitaux de faire des calculs sur les données dont ils disposent collectivement sans les transférer et sans les décrypter.

Car jusqu’à présent, les données que chaque hôpital possédait n’étaient pas facilement utilisables pour des recherches menées par d’autres établissements de santé. Et MedCo doit casser ces barrières. «L’option de consulter des bases de données décentralisées en excluant toute possibilité d’identifier des patients constitue un levier important pour accélérer la recherche clinique universitaire en Suisse», détaille Oliver Peters, directeur général adjoint du CHUV, cité dans le communiqué publié jeudi.

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Un besoin mondial

Responsable du LDS, Jean-Pierre Hubaux précise la genèse du projet: «La demande a émergé dans le cadre du programme Swiss Personalized Health Network, qui vise à la mise en place d’une infrastructure pour rendre les données de santé interopérables au niveau suisse. Mais le besoin est en fait mondial: pour bien comprendre les pathologies et définir les traitements optimaux, il faut pouvoir s’appuyer sur des données médicales de qualité et aussi nombreuses que possible.»

A la suite des tests effectués à Lausanne, à Genève et à Berne, MedCo sera également installé dans les hôpitaux universitaires de Bâle et de Zurich, ainsi que d’autres hôpitaux du Groupe suisse de recherche clinique sur le cancer.

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Contre le cancer

Des applications concrètes sont donc déjà prévues. «Au niveau suisse, le système sera utilisé pour étudier certaines pathologies, notamment le cancer, poursuit Jean-Pierre Hubaux. Au niveau international, des collègues américains, italiens et israéliens nous ont approchés pour le partage sécurisé de données relatives à la pandémie actuelle. La discussion est en cours avec eux. D’autres pays comme la Corée du Sud pourraient se joindre à ce consortium.»

Et, bien sûr, se pose la question de l’utilisation de MedCo dans le cadre de la recherche sur le coronavirus. «Lorsqu’une épidémie est due à un pathogène nouveau, comme c’est le cas actuellement, il est crucial de pouvoir échanger rapidement les observations cliniques, y compris génétiques, dont on dispose, détaille Jean-Pierre Hubaux. Cet échange doit se faire au niveau mondial. Mais ces données sont évidemment très sensibles, et MedCo résout le problème de la protection des données en permettant de faire les calculs sans devoir déplacer ni décrypter les données.»

Alors que Google et Amazon se profilent dans le secteur de la santé, y a-t-il une sorte de fierté de proposer un tel système informatique avant les GAFA? «Il est important que les données de santé restent sous le contrôle du citoyen et du système médical», affirme Jean-Pierre Hubaux.